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Étude - Épaississement de la tige pituitaire et fluidité du transit Shū

Une situation clinique où l’enchevêtrement du Juéyīn 厥陰 et du Yángmíng 陽明 contraignent l’ouverture du Tàiyáng 太陽.

L’approche énergétique montre comment Shàoyáng 少陽, pivot « à moitié tourné vers la surface et à moitié vers l’intérieur » (半表半里), peut devenir un vecteur thérapeutique permettant d’ouvrir à la fois le rassemblement -hé 閤 yīn (Juéyīn) et le hé yáng (Yángmíng), restaurant la fluidité du système.


Pas d'outil therapeutique mais une réflexion sur l'emploi des "six divisions".

Pour les étudiant-es et les pratiquant-es.


Patiente de 68 ans consultant pour un épaississement inflammatoire idiopathique de la tige pituitaire, confirmé par imagerie. Elle est suivie en médecine biomédicale et reçoit un traitement substitutif à l’hydrocortisone, qui stabilise son équilibre endocrinien.



Plusieurs symptômes persistants:

  • visuels : vision brouillée, surtout de loin

  • digestifs : transit irrégulier, sensation de lourdeur abdominale

  • Tensions non-articulaires : manque de souplesse, raideurs diffuses

  • endocriniens et nerveux : sommeil instable avec réveils nocturnes, fatigue variable

  • psychologiques : humeur défensive, tendance protectrice


L’objectif de la consultation est d’améliorer le mieux-être en abordant ces symptômes résiduels.



Contexte biomédical

Aucun facteur causal précis pour cette inflammation (auto-immun, infectieux, infiltratif ou iatrogène) n’a été retenu après les examens médicaux.


Elle entraîne une entrave du passage endocrinien entre hypothalamus et hypophyse, avec pour conséquence un trouble thyroïdien secondaire et divers désordres métaboliques. Le traitement par hydrocortisone assure une stabilisation hormonale, en compensant le déficit lié à l’atteinte hypophysaire, et joue un rôle protecteur vis-à-vis des complications systémiques.



Analyse énergétique primaire – Nombre 6 Liùjīng

Sur le plan énergétique, les symptômes observés — troubles visuels, lourdeurs digestives, raideurs articulaires, instabilité endocrinienne, irritabilité défensive — trouvent leur cohérence dans une pathogénie croisée entre Juéyīn 厥陰 et Yángmíng 陽明.


  • Juéyīn est marqué par un excès de vent interne (fēng 風). Au lieu d’assurer la libre et saine circulation du qì 氣 en lien avec le Sang, il se manifeste par une incohérence vibratoire : souffle dispersé, irrégulier, qui perturbe l’équilibre général. Sa fonction de synthèse/ rassemblement énergétique (hé 閤) du pôle yīn devient chaotique.


  • Yángmíng, dont la fonction est de clarifier et transformer par le contrôle de la sécheresse, ne parvient plus à remplir ce rôle. Sa sécheresse est inefficace : l’humidité ne se résorbe pas, elle stagne et s’amalgame. Sa fonction de retrait, rassemblement énergetique (hé 閤) ferme du pôle yáng est compromise.


  • De l’excès de vent de Juéyīn et du contrôle défaillant de la sécheresse par Yángmíng naît un vent-humide incohérent, substance pathogène qui se manifeste dans le pôle Yáng des métabolismes, devenant chaleur humide.


Un tel conflit pourrait aussi altérer Tàiyīn 太陰, dont la stabilité dépend de l’équilibre entre Juéyīn et Yángmíng. On pourrait s’attendre à une atteinte nutritive plus profonde, avec respiration courte, œdèmes ou encore un diabète insipide, fréquent dans les troubles de la tige pituitaire.


Mais dans ce cas, Tàiyīn résiste :

  • la respiration reste saine, ample et fluide

  • aucune rétention manifeste d’humidité n’est présente

  • l’absence de diabète insipide finit de confirmer une intégrité

  • le transit, bien qu’irrégulier, demeure réactif et améliorable.


Cette résistance du Tàiyīn constitue une réserve fonctionnelle à préserver.



Face à cette tension chronique, Tàiyáng manifeste donc sa contrainte : sa fonction d'ouverture énergetique (kāi 開) est entravée par la tension conjointe de deux rassemblements qui le congestionnent et entravent sa fonctionnalité d'extériorisation: s'observent alors en lui les amalgames et les serrements générés dans le pôle yīn, d’où des raideurs corporelles d'origine plutôt périostale-tendineuses¹ et surtout l’épaississement pituitaire visible à l’IRM.


Dans ce contexte, le métabolisme de Shàoyáng 少陽, pivot énergétique (shū 樞) du pôle yáng, « à moitié tourné vers la surface et à moitié vers l’intérieur » (半表半里), devient dès lors une voie thérapeutique utile. Par son rôle médian, il peut dégager Juéyīn de son excès de vent, réactiver Yángmíng dans sa fonction de clarification et libérer Tàiyáng de la contrainte exercée.



Shàoyáng comme vecteur thérapeutique

La stratégie choisie repose sur l’idée que le pivot modère les deux rassemblements :


  • le rassemblement synthétique yin (Juéyīn), en dispersant son incohérence vibratoire,

  • le rassemblement granulant yáng (Yángmíng), en réactivant sa capacité de transformation.



Pour ce faire, les deux canaux de Shàoyáng sont sollicités :


  • le Shàoyáng de jambe comme médium d’ouverture du Juéyīn, afin de fluidifier son souffle et disperser le vent,

  • le Shàoyáng de bras comme vecteur du processus, activant le processus - Xíng huo 火 (feu ministre), capable à la fois de soutenir la Terre par un engendrement et d’opérer un une stimulation de qìhuà, tonifiant par la même Yángmíng.


Symbiose par le rythme du système Dǎn 膽
Symbiose par le rythme du système Dǎn 膽

En associant ces deux mouvements, le traitement vise à :


1. alléger la racine Juéyīn,

2. tonifier et clarifier Yángmíng,

3. restaurer l’ouverture de Tàiyáng.



Je choisis de préciser par un traitement intercanalaire: entre le Shàoyáng de jambe et le Tàiyáng de jambe à droite et le Shàoyáng de bras et Tàiyáng de bras a droite. Ce choix est préalablement vérifié et validé par une palpation des canaux dans la zone.


Dimension psychologique et temporelle

Lors de l’entretien, la patiente a évoqué une colère chronique, intériorisée, présente depuis l’adolescence. Cette émotion contenue traduit l’empreinte du Juéyīn–Foie, dont la fonction de circulation se retourne en vent incohérent lorsqu’elle est contrariée.


L’adolescence, période systémique marquée par l’expansion du processus végétal (Wǔxíng 五行), apparaît ici comme le temps racinaire où s’est fixé le désordre. Cette mémoire émotionnelle a rigidifié Juéyīn, perturbé la régulation du qì et alimenté la formation du vent-humide incohérent.


Ainsi, la dimension psychologique participe pleinement au processus pathogène, en résonance avec les atteintes métaboliques et endocriniennes.




Résultats

La diminution des symptômes s’est faite progressivement, séance après séance, et s’est consolidée dans le temps :


  • Vision : netteté retrouvée de loin

  • Digestion : transit plus régulier, sensation de légèreté

  • Articulations : souplesse accrue, raideurs diminuées

  • Psychisme : moins de défensivité, plus de quiétude intérieure

  • Sommeil : disparition progressive des réveils nocturnes

  • Endocrinien : stabilisation thyroïdienne confirmée par le suivi biomédical.




Conclusion


Ce cas illustre une fois de plus la complémentarité de deux regards :


  • la biomédecine, qui décrit un amalgame inflammatoire idiopathique de la tige pituitaire et un trouble endocrinien, l'hydrocortisone stabilisatrice des métabolismes.


  • la médecine chinoise, qui lit une pathogénie Juéyīn–Yángmíng, contraignant Tàiyáng et résolue par l’action pivot du Shàoyáng. Le traitement favorisant.



La dimension psychologique — colère intériorisée depuis l’adolescence — a nourri l’incohérence de Juéyīn et contribué à la chronicité du désordre: son importance est non négligeable.


Le traitement énergétique, en complément du suivi médical, a permis une amélioration progressive et stabilisée : la vision, la digestion, la mobilité, le sommeil et l’humeur se sont réharmonisés.


Deux enseignements coutumiers se dégagent :


1. aucune entrave n’est autogène : elle résulte toujours d’un contexte, d’un rapport de forces et d’une histoire singulière


2. la régularité thérapeutique est la clé dans ces terrains chroniques yīn lourds et incohérents, où l'evolution demande patience et s’opère en profondeur.


Notes

¹ En médecine chinoise, le système Tàiyáng 太陽 est classiquement relié à la face postérieure du corps et à la dynamique musculotendineuse. Le Língshū 靈樞 décrit le trajet les canaux de Tàiyáng (Taiyang de la main – Intestin grêle, et Taiyang du pied – Vessie) comme enveloppant la nuque, le dos, la région lombaire et les membres postérieurs, zones riches en insertions tendineuses et périostées. Ces flux sont considérés comme les plus externes des six "grands méridiens", responsables de la mobilisation dynamique et de l’extériorisation du souffle défensif (wèiqì 衛氣).

Leur obstruction entraîne donc souvent des raideurs musculo-tendineuses ou périostées, signe d’une contrainte de l’ouverture Tàiyáng.


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