Les Logiques comme Origine: réflexions sur les valeurs de la Synergie.
- Association Zirandao
- Jun 28
- 6 min read
Updated: Sep 23
Une approche vivante des Modèles-racines de l'Énergétique chinoise
Une pratique enracinée dans le vivant
La pratique que je cultive au quotidien repose sur une perspective libre et spontanée, en accord avec les notions taoïstes d’évolution naturelle (Zìrán 自然) et les principes fondateurs de l’énergétique chinoise.
Ces principes ne sont pas abordés de manière figée ou purement théorique, mais rencontrés progressivement à travers l’étude de modèles-racines qui en constituent la structure profonde.
Les modèles-racines : Rythmes, Formes & Nombres
Chaque modèle propose une logique énergétique et formelle que l’on peut intégrer par la réflexion, la pratique, le souffle et la méditation consciente :
• Yīnyáng 陰陽 : pour intégrer en soi une dialectique non antagoniste, circulaire.
• Sānyuán 三元 : pour intégrer une logique triangulaire.
• Qìdeyùndòng 氣的运动 / Sìfāng 四方 : pour intégrer dans le détail un continuum quadrangulaire.
• Wǔxíng 五行 : pour intégrer une logique pyramidale.
• Liùjīng 六經 : pour intégrer une logique hélicoïdale riche et fluide.
Dans un second temps de la pratique :
• Bāguà 八卦 : pour incarner la logique subtile et vibratoire de l’octaèdre.
• L'Enroulement du Zodiaque : pour approcher la logique dodécaédrique vers une conscience élargie.
Pratique intérieure, étude vivante
À Zìrandào, nous prenons le temps de vivre notre évolution progressivement. Nous utilisons les modèles-racines à la fois comme des clés de compréhension de la discipline et des portes vers une pratique cohérente et polyvalente.
Ces modèles ne sont donc pas seulement "pensés" : ils sont intégrés par des pratiques physiques et méditatives, arpentés dans une dynamique où la géométrie devient Rythme, et où le Nombre devient Conscience.
Ils se relient non seulement à la tradition culturelle de la Chine, mais aussi à une Philosophie Globale propre à toute l’Humanité.
Une Gnose Intemporelle
Ainsi, par la pratique, j’étudie personnellement — et veille à ce que chaque participant puisse explorer — les structures invisibles qui relient le visible à l’être.
Cette intuition rejoint la perception exprimée par Nicomaque de Gérasa (60–120 ap. J.-C.) dans son Introduction à l’Arithmétique :
ὁ ἀριθμὸς πρῶτος ἐστὶ τῆς φύσεως πάντων, προηγεῖται πάντα τῇ γνώσει καὶ τῷ εἶναι. Le nombre (dans son essence subtile) est à l’origine de tout ce qui existe selon la nature. Il précède tout dans l’ordre de la connaissance comme dans celui de l’être.
Chaque modèle obéit à une logique du nombre et, plus profondément encore, à une logique du Rythme. Par ce biais, il devient possible de contacter une forme intemporelle de connaissance, au-delà du passé et du futur : une science de l'« Ici et Maintenant ».
Une trame au-delà des croyances
Nous sommes ainsi à la fois en osmose avec le Daoïsme essentiel, fondé sur une perception fine de la Nature, et en résonance avec la Gnose philosophique essentielle et herméneutique.
C’est dans le respect d’une trame philosophique non partisane, mais globale et pérenne, que nous proposons une étude et une méditation qui ne cherchent pas à posséder la Voie, mais à l'arpenter, comme on déroule un fil ou comme on compose un tissu.
De la logique à la synergie : vers une voie évolutive
Les modèles-racines, médités individuellement, sont déjà autant de portes d’accès à la structure du réel. Mais leur mise en relation vivante révèle une architecture évolutive, toujours en mouvement, qui épouse la complexité croissante de l’expérience.
En combinant ces modèles, on découvre une logique élargie, capable d’accueillir polarités, cycles, mutations et la courbure originale du vivant. Leur synergie constitue un paysage en expansion, dans lequel le pratiquant, loin d’être enfermé dans un outil ou un dogme, peut se déployer comme une conscience mobile et créative.
Ce mouvement ouvre à une pratique libre, incarnée et ajustée, où la technique ne se sépare plus de la pensée, ni la méthode de l’écoute du vivant. L’un des grands bénéfices de cette démarche est d’offrir une perspective évolutive en constante progression.

La Synergie comme essence de l'Holisme.
En tant que praticien en énergétique chinoise, je n’adhère guère à l’idée de me spécialiser dans un seul outil thérapeutique. Je suis favorable à une pratique synergique et consciente, en résonance avec tous les moyens d’interaction que propose la médecine chinoise.
L’aiguille, la main (Tuīná–Zhènggǔ), la plante ou même le souffle du Qìgōng ne trouvent leur sens que dans la conscience qui les emploie. Aucun outil n’est ultime ; chacun devient opératif dans la mesure où il s’inscrit dans une structure harmonisée.

En cela, je m'inclus et me reconnaît totalement dans ce principe énoncé dans le chapitre 10 miù chēng xùn 繆稱訓 du Huáinánzi 淮南子 :
À qui maîtrise une seule technique et n'est versé que dans un seul type de discours, on ne peut tenir que des propos partiels et non des paroles qui engagent le Grand Tout.
Une Relation Médiane aux Classiques
Ma recherche de synergie ne m’oriente donc pas vers la préférence ni vers l’exclusivité. Je ne considère pas, par exemple, l’ensemble des Classiques chinois comme un absolu de toute pratique.
Les Classiques doivent être lus, certes, mais ils ne sont pas une fin en soi. Ils constituent avant tout des espaces d’exploration, à rencontrer dans une relation vivante : de la compréhension fine des modèles vers la lecture de la source, et de la source vers le modèle.
Ce qui m’importe alors, ce n’est pas l’un ou l’autre de ces pôles, mais bien la qualité de la relation elle-même. Une relation évolutive, à géométrie variable, qui compose un triptyque : le modèle, le Classique et le pratiquant, en constante synergie.
Les Classiques transmettent par le texte une contextualisation essentielle, tandis que les modèles parlent du Tout par la puissance évocatrice du nombre et de la forme. Chaque modèle nous offre, peut-être, les clés les plus fécondes pour comprendre et pratiquer. Leur tracé immuable est, selon mon expérience, le moyen le plus direct de rejoindre l’Image même de la Nature, et de faire résonner le texte bien au-delà du voile de son apparence culturelle.
C’est là, à mes yeux, la force indiscutable des modèles énergétiques chinois : leur potentiel métaculturel.
Si les Classiques portent la mémoire d’une époque, d’une langue et d’un contexte culturel, les modèles énergétiques s’en distinguent par leur portée universelle. Ils sont, à mes yeux, de véritables vecteurs transversaux : ils transmettent non pas un savoir situé, mais une logique transposable à travers les temps, les lieux et les cultures.
On peut dire que les modèles sont les racines pré-textuelles (formes, nombres, cycles) d'une Gnose, tandis que les Classiques sont les élaborations scripturaires qui en proposent des interprétations, des synthèses et des applications.
Prenons Yīnyáng 陰陽: derrière la simplicité d’un cercle partagé en deux moitiés complémentaires, se condense une pensée holiste totale. Le symbole exprime simultanément la polarité et l’interdépendance, la différenciation et la réversibilité, l’opposition et l’engendrement mutuel. Autrement dit : une logique universelle du vivant, qui dépasse les frontières culturelles et trouve des échos aussi bien dans la biologie moderne que dans la cosmologie ancienne, dans la physique contemporaine que dans la philosophie essentielle.
C’est aussi ce qui fonde la logique de la médecine chinoise: une pensée de réseau, de l’équilibre dynamique et de la régulation, inscrite à la fois dans le corps humain et dans les cycles du monde. Le modèle n’est alors pas seulement une figure à contempler : il devient cette syntaxe énergétique qui permet de lire et d’agir, d'estimer, d'analyser et de créer.
En ce sens, les modèles ont été entre autres conçus pour être des instruments de transfert. Leur structure géométrique, stable et intelligible, permet de transmettre une logique profonde sans dépendre des codes culturels ou des références historiques. Là où le texte nécessite toujours une traduction, le modèle se laisse saisir d’emblée par la vision, par l’esprit et par l’expérience géométrique.
Cette capacité à traverser les cultures et les époques sans perdre leur puissance explicative ni leur valeur opératoire est, selon moi, ce qui fait la force unique des modèles énergétiques chinois. Ils sont une mémoire vivante du sens, inscrite dans le Rythme d’une Structure.
Ce rythme, comme cette structure, me semblent être l’essence saine d’un esprit d’adaptabilité. Ils ouvrent, à terme, vers une liberté puissante et résolue, une liberté qui ne s’érige pas contre le Relatif mais qui l’habite authentiquement.
Depuis le début de ma pratique, l’attention que je porte au raffinement des modèles énergétiques ne s’est jamais relâchée. Leur Grande Étude me paraît être, en elle-même, un véritable Centre. C’est donc tout naturellement qu’elle est devenue un principe porteur dans la méthodologie de Zìrandào.

La Voie synergique comme Liberté Relative
L'aiguille est un artefact sensé résonner avec ce qu'elle rencontre: elle ne trouve son sens que si nous en avons un. La plante, elle, vit très bien sa vie sans nous si on ne lui demande rien. La main devient outil que si on lui intègre une conscience fine.
Conscient de cette nécessité d'unité polyvalente, je me reconnais donc dans une voie synergique : chercher à travers les formes une présence véritable.
Ce chemin ne mène pas à la maîtrise absolue mais à un raffinement constant. Il m’aide à mesurer autant mes incompréhensions que mes connaissances, et à cultiver une aisance croissante dans l'espace de pratique comme dans son temps.




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