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La Terre, au Fil du temps: Xiǎomǎn 小满

Updated: Jun 7

Xiǎomǎn 小满 est le 8ème jiéqì 節氣et la seconde séquence estivale de l'année. Elle se déroule des alentours du 20 mai au 5 juin. Cette période est un Qì 氣: une phase de transformation où la saison établit son influence au centre des phénomènes naturels. Un implique une phase de transition entre deux ruptures climatiques (jié 節). Xiǎomǎn sert d'intermédiaire énergétique, période où le principe shū (le pivot) est important.


Rappel jiéqì 節氣 (appuyer sur la flèche)



Encore dans la phase ascendante de l'été
Encore dans la phase ascendante de l'été


Étymologies




Xiǎo est employé couramment pour signifier ce qui est petit. Cela dit, son sens mérite une observation un peu plus attentive. En effet, la construction de Xiǎo implique basiquement l'idée non pas uniquement de ce qui est petit, mais de ce qui est transitoire.

Xiǎo semble impliquer l'idée d'une différenciation, une "faille" au sein d'un élément homogène et uni. Cette faille implique à la fois une dualité et un intermède qui relie et fait communiquer deux extrémités (par exemple un début et une fin). Cette étape semble être présentée comme une variation au sein de cet élément.

On peut donc s'essayer à aller au delà du concept de "ténu et petit" avec Xiǎo, et aborder l'idée de transition, d'étape intermédiaire. Géométriquement, on songe au principe d'intersection, une notion qui implique indirectement l'idée de pivot présent au sein des théories énergétiques chinoises. Le terme possède plus de richesse qu'il n'y paraît... et ces perspectives font sens avec toute la logique présente, entre autres, au sein de la théorie des 6 divisions (liù jìng lǐlùn 六境理論).


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Mǎn quant à lui regroupe l'élément simplifié de l'eau conjoint à l'idée d'une sorte de contenant à l'intérieur duquel se reproduit sans cesse un phénomène de multiplication et densification. Semble évoquée l'idée de remplir par un fluide, mais aussi d'augmenter la masse, le poids d'un contenant par un fluide. Par conséquent, on peut imaginer une forme s'épaissisant en se remplissant d'eau et s'alourdissant. Nous allons voir que les principes de transit, d'unité , de symbiose, de densification et d'épaississement sont au centre de l'idée de Xiǎomǎn 小满, notamment pour les plantes.



Pivotement de l'été, transit climatique

Durant Xiǎomǎn, la nature de l'été s'engage principalement dans des phénomènes de transit énergétiques entre Ciel et Terre, et produit donc un climat (Qì) qui ne se limite plus principalement au sol, à la Terre mais prend une dimension intermédiaire plus externalisée par la saison chaude. On peut dire que Xiǎomǎn accentue et affermit la capacité de transformation de Yáng au sein des biotopes.

Sur Yáng (appuyer sur la flèche)

Yang est un référent énergétique et physique, il fait partie avec Yin de la théorie yinyang (Yīnyáng lǐlùn 陰陽理論). Le principe de Yīnyáng repose sur l'observation physique (au sens antique-philosophique du terme) de la civilisation chinoise. Il proprose une forme de logique qui considère que l'ensemble des phénomènes physiques de notre univers peuvent êtres classifiés selon deux qualités générales représentées selon les termes Yīn et Yáng. Yáng représente l'ensemble des phénomènes actifs, mobiles, légèrs, rapides, superficiels, hétérogènes et de temporalité courte. Yīn est son opposé.

Après les 15 jours où Lìxià établit la verticalité climatique et met le vent en retrait, les 15 jours de Xiǎomǎn établissent principalement l'évaporation de l'humide chaud des sols et sa diffusion dans l'atmosphère sous forme donc plus fine et circulante. Le phénomène est très sensible depuis le ras du sol jusqu'à une mi-hauteur climatique (c'est généralement à cette période que l'été par exemple touche plus franchement la moyenne montagne). Dans ce contexte, la chaleur humide contoure son environnement et intensifie ses interactions, notamment avec les êtres vivants et les plantes: c'est le début de la chaleur un peu "étouffante", un peu lourde où l'humidité fine s'agglomère aux superficies et s'intègre plus facilement aux divers métabolismes respiratoires et unités de transformation des substances.



Effet biochimique: une "explosion" de diverses transformations (Qi) au coeur de Yīnyáng.


Pour les plantes, le rapport humide-chaud de Shàoyáng (dont nous avons introduit la mécanique ici) se déplace à travers deux voies: un processus endogène, (celui qui passe par la tige, depuis les racines), et un processus exogène issu du reflux de la chaleur humide évaporée sur les ramifications, les feuilles et les sommités.

Le processus endogène de la plante


L'humide chaud favorise la stimulation interne des métabolites secondaires de la plante, permettant la maturation de produits plus complexes et quantitativement plus riches. Entre autres:


  • L'humide chaud du sol stimule l'activité microbienne et fongique, libérant des nutriments (azote, phosphore) assimilables par les racines.

  • L’eau tiédie est absorbée plus rapidement par la plante, activant le flux xylémien (voies de transport de la sève brute) ce qui augmente son rendement.

  • Les hormones de stress (comme l'acide abscissique/ABA) sont produites dans les racines en réponse à l’humidité excessive, régulant l’ouverture des stomates pour éviter l'excès de turgescence hydrique (la tenségrité forte de la plante, pouvant engendrer sa congestion).

    Sous l'effet de cette plénitude humide, le corps souterrain de la plante transmigre l'excès vers la partie aérienne.


Ces phénomènes vont avoir pour effet d'augmenter l'ensemble des processus de transformation dans la partie aérienne de la plante, à savoir:


  • Augmentation du processus de synthèse des cytokinines dans les racines, qui transmigrent alors vers les parties aériennes pour favoriser la croissance des tiges et feuilles et favoriser l'épaississement des sommités.


  • Production accrue des polyamines (par ex la spermidine et la putrescine) qui protègent les cellules du stress hydrique mais aussi stimulent le métabolisme aérien de la plante et les processus géniques de la floraison.



Représentation imagée du processus endogène.
Représentation imagée du processus endogène.

On observe donc à travers ce processus endogène, les élements propre à un sursaut créateur et générateur issu d'un trop plein: en énergétique chinoise, on peut classifier ce phénomène selon les valeurs de yang au coeur de yin , croissance- shēng 升 et synthèse (Qì biàn 氣变).

Le processus exogène de la plante


En aérien, le rapport chaud-humide subtilisé fait office de stimulant, générant un biofeedback important de la plante. Cette stimulation étant par nature externe, elle interagit avec la plante en mobilisant les procédés de régulation et d'adaptation fine de la plante, déjà par l'intermédiaire majeur des feuilles durant xiaoman. La chaleur humide à cette période agit alors comme un catalyseur écophysiologique:

  • Directement, en créant un microclimat favorable à l’expansion cellulaire.

  • Indirectement, via les COV (composés organiques volatils) qui vont orchestrer la défense, la communication et l’allocation des ressources vers les sommités.

Cette effervescence externe va entrainer l'apparition soit de sommités aux structures plus complexes et plus épaisses sur certaines espèces, soit de phénomènes et fonctions plus complexes sur les fleurs déjà présentes.


Plusieurs processus chimiques donc à mentionner:


Dans un environnement saturé en humidité chaude et volatile, le procédé naturel de transpiration des plantes est ralenti et peut être entravé. Pour y répondre, la plante compense par :

  • L’émission de composés volatils principalement depuis les feuilles et les fleurs nouvelles (COV) pour rafraîchir la partie aérienne (procédé "évaporatif" depuis sa surface similaire à la sudation), par exemple:

    • Les Huiles essentielles (comme le menthol chez la menthe) qui abaissent localement la température des feuilles par évaporation.

  • La synthèse de métabolites secondaires (hors photosynthèse) antifongiques, antibactériens et phytoprotecteurs, engendrant généralement des substances actives toniques et réactives, par exemple:

    • Les Terpénoïdes volatils (comme le β-caryophyllène) qui inhibent les pathogènes (champignons & bactéries).

    • Les Phénylpropanoïdes (comme l'acide rosmarinique du romarin) qui sont antioxydants protégeant les chloroplastes du stress oxydatif.


Cette réaction a priori défensive (par la régulation) déclenche indirectement les phénomènes de croissance et développement qui continuent de développer la partie aérienne et les sommités, ce à travers:

  • L'évaporation par effet de stress (COV de stress) comme le Jasmonate de Méthyl qui active les gènes de synthèse d’hormones (gibbérellines) favorisant la montaison florale et l'épanouissement.


  • L'émergence de médiateurs de croissance, comme les Isoprènes qui stabilisent les membranes des chloroplastes, maintenant une photosynthèse efficace malgré la chaleur. Ce maintient de la production, toujours sous l'effet de la chaleur booste la production de sucres, menant à la nutrition supérieure des fleurs: en énergétique chinoise, on dit que le feu engendre la Terre..

    • On pense aussi aux Monoterpènes (comme les myrcènes ) qui stimulent la division cellulaire dans les méristèmes floraux et aident au déclenchement de la floraison.


  • L'orientation et la signalisation biochimique qui propose une préférence sommitale, avec:

    • Les COV comme l’α-pinène qui potentialisent l’effet des auxines (phythormones) pour orienter la croissance vers les sommités.

    • Les COV émis par les feuilles inférieures (comme les hexénals) qui alertent les bourgeons terminaux et déclenchent une allocation préférentielle de ressources vers les fleurs.


  • Attention: l'humidité chaude n'est pas exactement une agression: au sein de phénomène énergétique pivotant, l'humidité joue aussi un rôle tonique sans être seulement agressif, par exemple:

    • l'élongation cellulaire de la chaleur humide qui, élevée, réduit la pression intérieure de la transpiration, permettant aux cellules des tiges et fleurs de se dilater sans risque de flétrissement.

    • L'activation enzymatique de la chaleur humide qui accélère la synthèse des cellulases et pectinases, assouplissant les parois cellulaires et favorisant le "remplissage" et "gonflement" des tissus.



Processus exogène, synergie de mouvements fins
Processus exogène, synergie de mouvements fins

On observe qu'à travers ce processus exogène, les élements propres à un réaction protectrice, issue d'un excès agressif environnant, engendre une réponse adaptative et créatrice: en énergétique chinoise, on peut classifier ce phénomène de réclusion et de densification selon les valeurs de yin au coeur de yang, de décroissance - jiàng 降 et de granulation/décomposition (Qì huà 氣化).



Conclusion


Durant les 15 jours de Xiaoman (le remplissage/épaississement transitoire), on assiste à une fusion cyclique (pivotante) entre:

1. La Chaleur humide externe qui active la production de COVs protecteurs et stimulateurs.

2. Les COV foliaires qui optimisent la photosynthèse et détournent les ressources vers les fleurs.

3. Les Polyamines endogènes qui renforcent la structure cellulaire des sommités.


Les deux phénomènes complémentaires endogènes et exogènes génèrent effectivement un pivot énergétique intense entre engendrement et limitation, poussant la plante à l'élévation et au développement culminant. On peut dire, selon la théorie des 6 flux énergétiques (liùjīng 六經) que le Yángmíng (yang lumineux) solaire et le Shàoyáng (pivotement et transit du yang) métabolique engendrent le Tàiyáng (yáng élevé) floral et sommital.


Cela débouche effectivement sur une maturation accélérée et un épaississement des tissus floraux/fruitiers, typique des cultures comme le blé ou les agrumes à cette saison. On observe par exemple que la période voit le riz cultivé augmenter sa production de silice dans les parois cellulaires des tiges pour renforcer sa structure face à l’humidité chaude et renforcer son capital-protéines: raffermissant et gonflant (man) par un transit chimique (xiao) chaque unité de grain.



Dans la période
Dans la période


Le Rapport Humide Chaud au sein du Pivot Yang: Un fluide caloporteur au sein des tissus structurés, une symbio micro-organique intelligente.


Toutes ces observations sur le rapport humide-chaud de shaoyang au sein des biotopes et au sein de plantes force évidemment le rapprochement avec l'écosystème interne humain et finit par nous renseigner sur les implications de Shàoyáng comme principe énergétique au sein des systèmes organisés biologiques, notamment à travers deux axes:

  • l'incidence d'organisation de la chaleur humide de Shàoyáng qui agit à chaque fois dans les tissus comme un véritable fluide caloporteur dynamique.

  • l'incidence d'unification et de fusion de Shàoyáng qui emploie sa structure et son climat (la chaleur humide) comme une sorte de réseau symbiotique microorganique, une sorte de "boite de pétri collaborative, intelligente et évolutive" dont le fil rouge est la fédération.


Au sein de Zìrandào, c'est (entre autres) ainsi que nous nous figurons shàoyáng.


Similitudes

Aussi bien à l'intérieur des plantes que dans le corps humain, Shàoyáng (dans le corps humain: rapport "Triple Réchauffeur" / Vésicule Biliaire) est décrit comme un "pivot" régulant les échanges entre l’interne et l’externe, notamment les flux humides-chauds.

Il équilibre les mouvements de montée/descente (升降 Shēng Jiàng) et d’ouverture/fermeture (開合 Kāi Hé), évoquant justement un système de thermorégulation dynamique.

Son analogie avec un fluide caloporteur peut être éclairante, car le système Shaoyang agit effectivement comme un circuit de chaleur humide distribuant l’énergie (Qì 氣 ) et les liquides chauds (Jīn Yè 津液), phénomène comparable à un fluide caloporteur dans un échangeur thermique biologique.

Son dysfonctionnement mène à des stases obstructives (les syndromes de "chaleur-humidité" humains Shī Rè 濕熱) .


En ce qui concerne l'idée de Symbiose microorganique, nous pouvons déjà considérer le fait que le corps humain abrite en son sein "à peu près" 10¹⁴ micro-organismes coopérants (résidants dans les intestins, la peau, les muqueuses et de nombreux espaces interticiels) dont l'organisation et l'équilibre des forces reflète les concepts d'harmonie (Hé 和) et de dynamique évolutive (Dòng 動) propres au Pivot Yáng.

Ce microbiote embarqué, aussi bien chez les plantes que pour les humains, produit constamment un phénomène d'autorégulation climatique effective (Le microbiote produit des métabolites (par exemple les acides gras à chaîne courte) qui influencent à la fois la température locale, autrement dit la "chaleur" (via des rapports d’inflammation/anti-inflammation microbien) et l'humidité (équilibre microbiologique mucus/déshydratation).

Tous comme les réseaux mycorhiziens et les COV subtils des plantes régulent leur microclimat, les métabolites microbiens humains ajustent l’environnement interne du corps dans une société en constante évolution.


Il est intéressant de considérer ce phénomène microroganique fédératif pour s'interroger sur les maladies systémiques spécifiques à la chaleur et/ou l'agglomérat. S'interroger également sur le déséquilibre délétère, potentiellement pathogène, issu d'une disharmonie de la chaleur humide et d'un déséquilibre de shaoyang, autant pour les plantes (atteinte bactérienne et mycosique majeure) que pour l'humain (crohn, phénomènes auto-immuns divers, cancers..).


C'est un des axes d'étude au sein de notre groupe d'étude, et un élément d'attention dans ma pratique depuis plusieurs années.


Bonne suite d'été à nous !


Si cette perception énergétique des plantes vous inspire

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8 juin 2025, 10:00 – 17:30Saint-Jean-d'Avelanne
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